Question sur la langue maternelle et l'identité (Fle B1-B2 plus-que parfait et conditionnel)

Publié le 14 Mars 2012

Je me demande souvent dans quelle mesure ma langue maternelle façonne ma manière de penser, d'agir, de vivre.

Si j'étais née en Angleterre, dirais-je plutôt "j'espère que oui" et "j'ai bien peur que non" quand je veux dire oui ou non ? Si j'avais grandi en Amérique, parlerais-je plus fort quand un étranger ne me comprend pas ? Si j'avais eu des parents asiatiques, serais-je plus gênée de refuser quelque chose ?

Parfois je m'énerve, je m'emporte, je m'exclame "C'est pas possible ! Quel scandale ! On ne peut pas accepter ça !" Et mon mari sourit tranquillement en me répondant "Ah, tu es bien Française, toi !"

Récemment, j'ai lu un article intéressant sur les gens parlant couramment plusieurs langues, souvent parce que leurs parents sont de différentes nationalités. Ils disaient qu'ils pouvaient exprimer un sentiment tel que la colère ou le respect dans une langue mais pas dans l'autre, que les langues n'étaient pas totalement interchangeables. Et qu'ils sentaient que leur personnalité se transformait en même temps qu'ils changeaient de langue !

Ca, ça m'épate. En même temps, ça ne me surprend pas. Il y a des stéréotypes qui sont exagérés mais le fond est souvent vrai quand même. Un Italien pourrait-il parler sans les mains ?

Certaines personnes dont les parents sont d'origine étrangère me disent que, lorsqu'ils vont dans le pays de leurs parents, les gens savent qu'ils ne sont pas du pays. C'est leur façon de parler, de s'habiller. Comme quoi, le langage du corps parle plus fort que tout. Et quand on apprend une langue, c'est important d'en apprendre les gestes aussi.

Depuis quelque temps, je me suis mise au Hindi. Eh oui, j'adore les langues. Je parle Anglais et Espagnol, je comprends l'Italien et le Portugais. Je me suis dit "Pourquoi pas un challenge ?" Et voilà, j'apprends le Hindi.

C'est passionnant, excepté les lettres imprononçables. L'autre jour, je suis presque tombée de ma chaise de surprise : les Indiens n'ont pas de verbe avoir ! Mon dieu, que feraient les Français sans le verbe avoir ! Pensez donc à tout ce que nous avons. On a des doutes, des questions et parfois des réponses, on a faim, on a froid, on a peur, on a des amis, des frères et soeurs, on a des rêves, des vacances, des souvenirs et on a des milliers de choses que l'on chérit plus que tout. Les Indiens, eux, n'ont rien. Ils "voient" des rêves, il y a des choses ou de la famille "près d'eux" et les questions et souvenirs leur "viennent". Après avoir (oups) réalisé cela, je me suis dit que cela expliquait sans doute pas mal de choses sur les différences culturelles entre les Indiens et les Français. J'avais (oups) été surprise, lors de mon voyage en Inde, de voir leur détachement total des choses matérielles. Forcément, si on ne possède pas les choses à la base, on doit se sentir moins démuni. Je me rappelle avoir (ah !) visité des maisons de personnes pauvres ou riches et d'avoir (grr !) été frappée par le même dénuement, la simplicité du mobilier, la non-recherche d'accumulation de choses.   

Pourrais-je vivre sans le verbe avoir ?

Pourrais-je vivre sans pouvoir dire non ?

Serais-je différente si je ne pouvais pas dire "je" ?

 

Mmh, que de questions perturbantes ! Je vais manger un croissant en réfléchissant...

 

Rédigé par frenchteacher (fle)

Publié dans #PETITE PHILOSOPHIE

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C
C'est la première fois que je lis un blog avec plaisir !
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F
Merci, comme c’est gentil!
S
<br /> J'adore! +++<br />
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F
<br /> Merci !!<br /> <br /> <br />